Interview d'alexandre woog : e-loue.com

  • Alexandre Woog, co-fondateur d'e-loue.com, partage son parcours atypique en tant qu'entrepreneur et sportif de haut niveau.
  • L'idée de créer une plateforme de location est venue d'une anecdote lors d'un déménagement où ils ont loué une perceuse à un voisin. Ils ont constaté un manque de places de marché de location en ligne.
  • e-loue connaît une croissance importante grâce à sa réassurance dans les transactions, ses partenariats pour assurer les locations et son système de paiement en ligne. Des opérations marketing originales ont également contribué à sa visibilité.

Bonjour Alexandre, merci d’avoir accepté de nous accorder cette petite interview.

Tu as monté la plateforme e-loue.com il y a maintenant 2 ans avec Benoit Wojciechowski. Vous avez tous les deux un parcours assez atypique, peux-tu te présenter brièvement pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas ?

Interview d'alexandre woog : e-loue.com

J’ai monté ma société avec Benoit Wojciechowski, autodidacte informatique. En ce qui me concerne, j’ai suivi une formation financière à HEC puis entrepreneuriale dans l’incubateur HEC. J’ai travaillé un an en salle de marché mais je sentais depuis déjà très longtemps que je voulais entreprendre. J’ai donc saisi la première opportunité en créant e-loue début 2009 à l’âge de 24 ans.

Aussi, comme tu le soulignes j’ai un parcours atypique, en effet je suis en plus d’être entrepreneur sportif de haut niveau, en équipe israélienne d’escrime. J’ai d’ailleurs participé aux championnats d’Europe en Juillet et je participe aux championnats du monde en Sicile en Novembre, en espérant me qualifier pour les prochains jeux olympiques de Londres en 2012.

Étonnant? Pas tant que ça en fait, il y a pleins de similitudes entre mes carrières sportives et entrepreneuriales : rapidité, réactivité, gestion du stress, esprit de compétition, etc.

L’e-commerce ou les petites annonces tout le monde connait. Mais d’où vous est venue l’idée de monter une plateforme de location ?

Interview d'alexandre woog : e-loue.com #2

Les places de marché de la location ont explosé il y a quelques années. Même si cela nous parait déjà loin, il s’agit d’un mode de consommation nouveau. L’e-commerce de la location est encore plus nouveau.
A l’époque lorsque nous avons eu l’idée, il n’y avait quasiment rien qui se faisait dans le monde. Aujourd’hui à titre d’exemple une dizaine de plateforme se sont lancées aux Etats-Unis.

Notre histoire démarre d’une simple anecdote. En plein déménagement avec mon ami et futur associé Benoit, nous avons eu besoin d’une perceuse. Ne voulant pas l’acheter, nous l’avons trouvée chez un voisin qui nous a dit en plaisantant: « et si je vous la louais ». Etant deux passionnés du web on a alors eu l’idée tout naturellement de relier via une plateforme web les locataires et propriétaires d’objets.

Ce que vous proposez est en totale rupture avec ce qui existe en France. Sentez-vous des freins au développement d’e-loue ou bien la croissance du service est pleinement au rendez-vous ?
Depuis deux ans que notre plateforme est en ligne, on sent une évolution et une croissance importantes, même s’il est vrai que l’économie de fonctionnalité est en retard en France par rapport aux pays anglo-saxons. Cela est sans doute du aux changements de mentalité avec une prise de conscience généralisée des enjeux environnementaux.

De nombreuses initiatives participent à cet élan (autolib, covoiturage, troc, etc.). La location est un concept qui existe finalement depuis longtemps: louer son appartement, sa voiture, son appartement…tout le monde connaissait déjà.
Ce qui est nouveau c’est le fait de pouvoir tout louer, avec notamment des particuliers, et aussi le fait d’avoir tout centralisé sur une plateforme.

Aussi notre croissance est très bonne car nous avons compris rapidement que la location nécessite une réassurance très importante, encore plus que dans l’e-commerce.

Nous avons donc des partenariats pour assurer les locations (Assurone, MMA), nous émettons des contrats de location automatiquement, et nous avons développé un système de paiement en ligne, où le locataire est débité le premier jour de la location, et le propriétaire reçoit l’argent le dernier jour de la location : fini les transactions de main à la main !

Les 2 opérations de buzz autour de la location de chèvre pour tondre son jardin et de la location de petite amie ont bien marché. Avez-vous eu des retours positifs en terme de fréquentation d’e-loue ? Faut-il s’attendre à d’autres opérations aussi loufoques dans les mois à venir ?

Grâce à ces deux opérations nous avons réussi à nous faire connaître sans rien dépenser, à nous offrir une visibilité et une notoriété importantes. Nous avons d’ailleurs reçu récemment le trophée d’argent en marketing de Chef d’Entreprise.
De nombreuses sociétés me sollicitent pour mon expertise en buzz marketing, mais le plus important c’est que notre trafic et notre chiffre d’affaires ont explosé suite à ces buzz que nous avons parfaitement su gérer.

Notre stratégie est d’innover sans cesse en termes de technologie et de marketing, donc oui nous allons continuer à communiquer de manière originale, mais de manière différente….

L’e-commerce est en plein explosion, sans parler du couponing et des achats groupés. Comment pensez-vous tirer votre épingle du jeu face à des eBay, Priceminister ou encore Kiloutou ?

L’e-commerce est devenu incontournable, et les grandes marques l’ont bien compris, sauf peut-être dans la location.

En effet vous me croyez si je vous dis que les deux poids lourds du secteur Kiloutou et Loxam ne permettent pas la location en ligne?
Et bien si : ni paiement en ligne, ni gestion des réservations, des disponibilités, des calculs de forfaits tarifaires….seulement une demande de devis. Cela parait incroyable au vu de leurs moyens financiers et de leur réussite par ailleurs mais c’est malheureusement le cas.
Aujourd’hui nous avons une avance technologique énorme par rapport à eux. Toutefois ce ne sont pas des concurrents mais des partenaires qui peuvent grâce à e-loue avoir un canal de distribution complémentaire.

E-bay, Priceminister sont des plateformes que j’apprécie et respecte énormément. Leurs fondateurs sont mes modèles. Ce ne sont pas des concurrents car ils proposent de l’achat / vente. Or louer un objet, c’est justement vouloir gagner de l’argent sans se débarrasser de son objet, donc c’est un esprit complètement différent.

Je n’ai vu pratiquement aucune publicité sur e-loue, pourquoi ce choix ? Si c’était moi j’aurais d’ailleurs développé un module d’affiliation ciblée …

Notre modèle ne repose pas sur la publicité mais sur les commissions sur transactions et nous ne souhaitons pas que nos membres soit la cible de publicité lorsqu’ils sont dans notre univers.

L’affiliation est un modèle compliqué pour les marketplaces. En effet nous touchons des commissions sur transactions, donc cela reviendrait à une commission de commission.

Le marketing direct reste encore une des sources de revenus les plus substantielles sur la toile. Est-ce une source de revenus que vous souhaitez exploiter à court terme, si ce n’est pas déjà fait ?

Effectivement nous générons déjà des revenus grâce au marketing direct, et nous allons accélérer cette source de revenu à court terme, ce que font d’ailleurs la plupart des sites d’e-commerce.

On imagine assez logiquement le service proposer à terme aussi du e-commerce ou des petites annonces plus classiques. Est-ce prévu ou pas du tout ?

Les petites annonces classiques sont comme je le soulignais trop éloignées de l’esprit de la location. Car vouloir se débarrasser ou acheter un produit c’est différent. Le seul point commun c’est finalement que l’usage de l’objet devient le plus important, nous sommes dans la consommation collaborative.

De la même manière les sites de petites annonces n’ont pas intérêt à se développer sur la location.

Si tu devais donner 3 conseils à un jeune entrepreneur qui souhaite lancer sa start-up (question pas du tout désintéressée d’ailleurs) ce seraient lesquels ?

En fait le premier ce serait de se lancer, tant pis si ça rate, tant pis si ça n’avance pas comme prévu et que c’est difficile, l’expérience et l’enrichissement personnel seront de toute façon inégalables.

Il faut savoir bien s’entourer, j’ai par exemple un peu du mal à comprendre les startups web qui se lancent sans compétence technique en interne. Aussi le choix de nos investisseurs nous a été très utile pour leurs précieux conseils.
Enfin même si la réactivité (time to market) est très importante il faut aussi savoir être patient. Avec une bonne équipe, même si votre idée de base est perfectible, vous serez la modifier pour réussir.

Merci beaucoup pour toutes tes réponses. Un dernier mot à ajouter ?

Avec plaisir, retrouvez nous sur notre page facebook e-loue et notre compte twitter eloue, on sera ravi d’échanger avec vous.

Joel Bonnet
Journaliste sur Entreprise Innovante 💡