Les fraunhofer et la bretagne

Nous allons donc parler des Fraunhofer (ou Société Fraunhofer) … ! Vous devez tous être intrigués ? Il faut bien dire que l’on ne parle pas tous les jours des Fraunhofer ni dans les journaux ni dans les media…

Avant d’avoir donné son nom à cette Société, Joseph von Fraunhofer a été un entrepreneur Munichois, fabricant de lentilles optiques au 19ème siècle. C’est en améliorant en permanence ses procédés de fabrication qu’il put obtenir des instruments de plus en plus performants et inventer le spectroscope. Il fut aussi un illustre physicien. On gardera de lui les raies de Fraunhofer.

La Société Fraunhofer

La Société Fraunhofer est une organisation qui pilote environ 66 instituts de recherche appliquée répartis sur 80 sites dans le monde dont 60 sont en Allemagne. Elle compte en son sein 23 000 collaborateurs.

Pourtant cette société,

  • n’a jamais produit de prix Nobel ou de Médaille Field parmi ses collaborateurs
  • n’apparait dans aucun palmarès international des meilleurs centres de recherche ou universités
  • les techniciens, les ingénieurs et les chercheurs qui travaillent chez les Fraunhofer sont plutôt moins bien payés que dans le privé !

Alors, pourquoi parler d’une organisation qui semble si peu flamboyante ?
Voici quelques raisons qui pourraient donner envie d’en savoir un peu plus :

  • La Société Fraunhofer est aujourd’hui l’entreprise la plus attractive aux yeux des jeunes techniciens, ingénieurs et chercheurs Allemands à égalité avec BMW
  • Cette société de recherche appliquée, qui reçoit des commandes privées (donc un financement privé), connaît une croissance à deux chiffres ? Rien qu’en Bavière, 5 nouveaux instituts seront construits d’ici à 2020
  • D’autre part, la Société Fraunhofer est considérée comme le leader mondial dans son domaine « La recherche appliquée au service des entreprises » et comme la clé de voûte du système d’innovation allemand. Elle a été l’instrument de transformation du fameux Mittelstand, force d’innovation de l’économie allemande. (Voir CIRAC Isabelle Bourgeois. PME allemandes : les clés de la performance)

Les Fraunhofer et l’Innovation

Comment cette organisation et le modèle Fraunhofer ont façonné la capacité d’innovation de l’économie Allemande voir de l’économie mondiale ?

Mais avant de partir faire un voyage dans le temps en Allemagne, explorer ces chemins de la réussite, qu’entendons nous par innovation ?

Pourquoi faut-il innover ?

Qu’est-ce que l’innovation ?
« L’innovation se définit par l’introduction d’une nouveauté dans un milieu social. Le marché est une forme de milieu social » Shumpeter.

L’innovation, n’est pas seulement la conception d’un produit nouveau. Le produit doit se vendre et pour cela trouver son modèle économique dans un nouveau marché et souvent dans un nouveau milieu social.

  •  Une innovation peut-être technologique, mais pas nécessairement. Il s’agit de l’utilisation de technologies déjà éprouvées sur d’autres marchés
  •  Mais l’innovation consiste également à élaborer de nouvelles méthodes de vente, de nouvelles organisations ou de nouveaux processus

Pourquoi innover ?
De l’innovation, nous en entendons parler tous les jours. Est-ce juste un effet de mode ?

Schumpeter parlais de « grappe d’innovation » ou de « cycle  d’accélération ». Nous observons aujourd’hui que nous sommes bien dans une phase d’accélération. Les cycles de vie des produits sont plus courts.

Il y a cinq raisons principales à ce raccourcissement de « cycle produit ».

Les cinq raisons de la réduction de la durée du cycle produit

Une raison structurelle

Il s’agit de la compétition internationale entre les économies. Cette globalisation ouvre de nouveaux horizons mais augmente également le nombre des compétiteurs. Cette ouverture des marchés, entraine une accélération des cycles.

Les raisons de la réduction de la durée des « cycles de vie produit » sont au nombre de trois :

  • Les technologies de l’information
  • Les nouvelles technologies
  • Le Web et la communication

L’économie numérique

L’économie numérique a contribué à l’accélération du transfert des savoirs et de l’information. Autrefois, il fallait suivre un cycle complet de propagation du savoir, recherche, publication et l’édition des manuels scolaires, à la formation et enfin à la vulgarisation des savoirs. Ce cycle était incompressible. Maintenant, les moteurs de recherches Internet mettent les savoirs à disposition partout, en un clic.

Les nouvelles technologies

Les nouvelles technologies ont permis la réduction du coût de conception et du coût de lancement des premiers produits dans beaucoup de domaines.
Par exemple : les commandes numériques et la découpe laser ou plasma et les nouvelles techniques de soudure ont permis de remplacer le moulage et la fonderie qui nécessitaient des investissements importants.
Autres exemples pour des applications grand publique :

  • Impression 3D
  • Virtualisation (réalité augmenté) dans les phases de conception a permis par exemple de réduire le nombre de prototype pour la fabrication d’un nouvel avion
  • Capacité à prévoir les comportements, les aspects

Le Web et la communication

Le Web et les technologies de la communication permettent de trouver un client cible ou une micro niche, même si ces marchés potentiels sont  très éparpillés dans le monde – Cela ouvre des portes considérables pour la créativité et l’adaptation dans des domaines où la personnalisation pourra prendre toute sa place. Le Web permet aujourd’hui de mettre en contact un concepteur et un client. Demain, avec les méthodes de virtualisation on aura le client directement concepteur de son produit.

Autres facteurs qui obligent à innover

  • Les Business Model des entreprises vont évoluer
  • Lieux de production qui se rapprocheront des lieux de consommation
  • L’apparition de nouvelles méthodes de financement des entreprises avec le Crowdfunding et le concept de « clients financeurs », etc…

Conséquences pour les Entreprises

Face à ces bouleversements majeurs, rares sont les entreprises qui ne subissent pas de plein fouet ces mutations à marche forcée.

  •  La durée de vie moyenne d’une entreprise diminue. Elle n’a ni le temps, ni les ressources financières, ni les ressources humaines pour trouver un nouveau souffle
  •  Une entreprise étant est l’art de créer un processus stable (on n’aime pas le changement…), celle-ci entre déstabilisée dans l’ère du changement perpétuel… les tempéraments  traditionnels nécessaires au management de l’entreprise ne sont plus les mêmes
  •  Les Startups ont du mal à atteindre des tailles critiques ou à passer le « gouffre de Moore », on assiste parfois à des succès foudroyant, mais ils s’éteignent rapidement
  •  L’entreprise doit se recréer.. elle doit trouver un modèle qui tienne compte de l’accélération des cycles

Innovation = processus stratégique des Entreprises

Pour la grande majorité des entreprises, sans innovation, l’avenir s’assombrit et risque de se traduire par une mort rapide ou à petit feu. Le processus stratégique de l’entreprise devient l’innovation continue (ou de rupture) si l’on veut conserver des marges.

Autrefois, l’avenir appartenait à ceux qui savaient conserver leurs acquis.
Aujourd’hui, l’avenir appartient à ceux qui savent valoriser la création et faire face à l’accélération du déclin de certains produits ou activités.

Les trois modèles d’organisation de l’innovation

Trois grands modèles USA, Japon, Allemagne apportent des solutions à ces changements.

USA « Startup capital risque »

  • Ses méthodes de financements privés, avec des accents sur les « capitaux risqueurs »
  • Des universités d’excellence couplées à des laboratoires souvent prestigieux
  • Les startup viennent du constat des grands groupes de leurs difficultés à innover

Ces grands groupes choisissent de financer des startups. Exemples de Startups avec des croissances vertigineuses : Microsoft, Google, Apple etc. Nous en sommes toujours à rêver d’un Google français…

Les USA ont une force d’attraction dans le monde de l’innovation. On trouve également de grands groupes multi-Startup, tels que 3M ou General Electric. Leader sur chaque marché « niche », ils ne sont pas constitués comme un grand groupe classique mais comme une multitude de Startups.

Le « Modèle USA » est donc basé sur des Startups avec capital risque prépondérant pour le financement.

Japon « Amélioration continue intelligence collective »

Le modèle Japonais est orienté « méthodes qualité et collaborative ». On va parler d’holisme ou intelligence collective.

  • Méthodes d’amélioration continue
  • Modèle qualitatif précurseurs des Allemands et intelligence collective
  • Stimulation de la créativité

Toyoda patron de Toyota système de qualité
Amélioration continue c. Kazain, 5S, Lean

Allemagne (Transmission des savoirs et culture coopérative)

C’est un système orienté qualité mais plus à travers la formation duale et formation continue qui assure une transmission des savoirs tout au long de la vie.
Les principales caractéristiques de ce système sont :

  • Pas de vague. Ce système de transmission met en valeur les compétences des individus et du travailler ensemble
  • Capacité des entreprises à travailler de façon coopérative, donc d’échanger à travers de multiple organisation, culturelle ou institutionnelle
  • Echanges d’informations. Ces échanges sont un facteur clé dans le processus d’innovation et du transfert des savoirs par irrigation
  • Entreprises patrimoniales à 85 % dont le financement du capital est assuré par des caisses d’épargnes locales. Exemple : BMW Patrimoniale
  • Très peu de sociétés par action (DAX) à la différence des USA transversale, problème, besoin, savoirs solutions

Cela fait dire, que cela produit de l’innovation incrémentale. C’est le système global allemand qui se renouvelle et s’améliore sans cesse donc qui s’adapte en permanence.

Evaluation des modèles existants

L’innovation consiste à vendre efficacement ce que l’on a conçu. Nous avons vu les trois modèles principaux, USA, Japon Allemagne.

Pour évaluer ces systèmes il nous faudrait des indicateurs . Mais lesquels prendre ? Il y a véritablement absence de critères fiables d’évaluation.
Critères d’évaluation non-pertinents :
Les dépenses de R&D en % du PIB (Publique et Privé) ?

  • Pas très pertinents : car, ce n’est pas en soi ce que l’on dépense qui est pertinent mais plutôt le résultat. C’est comme si l’on mesurait la performance d’une Formule1 par sa capacité à consommer
  • Le nombre de Prix Nobel : Cela a un rapport avec la recherche, donc pourquoi pas. Mais il s’agit de recherche fondamentale. La recherche fondamentale n’impacte pas directement la production de nouveaux produits qui vont se vendre. Dans le temps, probablement oui. (Voir Grande Bretagne) – Pas très pertinents
  • Nombre des brevets . Ils ne sont de mêmes valeurs dans les différents pays. Les comparaisons ne sont pas facile, ou peu fiables

Balance commerciale : Il mesure le bout de chaîne – C’est la différence entre les exportations et les importations d’un pays.
Critère d’évaluation retenu
La finalité de l’innovation étant la vente, ce critère parait le plus pertinent.

Balance commerciale

Les fraunhofer et la bretagne

Balance commerciale, France, Chine, Allemagne, USA et Japon en valeur absolue

Allemagne, est largement numéro 1. Conclusion : Il faut s’inspirer de l’Allemagne
qui semble avoir le système le plus pertinent.

L’histoire de l’innovation en Allemagne

La prise de conscience de la force du modèle allemand

Remontons un instant le fil de l’histoire. Projetons-nous en 1870 après la défaite de la France contre la Prusse. L’élite française a vécu une humiliation formidable. La supériorité technologique de l’armée prussienne fut sidérante.

On est face à une armée moderne utilisant le télégraphe pour ses communications. Les canons sont équipés également de culasse telle qu’on les connait aujourd’hui. Côté Français, les armes ont peu évoluées depuis 1836.

En 1830 (40 ans plus tôt) pourtant, l’industrie allemande est quasiment inexistante. Un véritable miracle économique avait eu lieu. C’est l’innovation qui est à la source de ce miracle économique. Que s’était-il passé ? Pour le comprendre, regardons les facteurs qui sont à la source de cette capacité à innover.

Le miracle économique allemand au 19ème siècle

Voici les différents facteurs composant ce terreau à l’origine du miracle économique allemand.

Facteur 1

L’influence de la pensée de Wilhelm von Humboldt, créateur en 1809 de l’université de Berlin.
Wilhelm von Humboldt, linguiste et pédagogue pense à un nouveau modèle :

  • L’université doit être libre et libérée du pouvoir
  • Le financement est aussi bien privé que public (afin de réduire les dépendances)
  • La recherche doit être intégrée dans l’université
  • L’objectif de la recherche est d’être avant tout au service des entreprises
  • Une éducation moderne doit permettre d’améliorer les compétences et les transferts des savoirs avec l’apprentissage des métiers

Facteur 2

La capacité des Allemands à collaborer ensemble :

  • Les entreprises s’associent pour développer des projets
  • On mutualise des opérations
  • On partage les connaissances
  • On contribuent au bien commun

Facteur 3

La capacité des Allemands à adopter de nouvelles technologies.

Alors que beaucoup de ces inventions viennent de Grande Bretagne, l’Allemagne à su les intégrer et les déployer à grande échelle.
Exemple dans la sidérurgie : Les Fours Bremmer et Thomas inventés pas les anglais ont été déployés à grande échelle en Allemagne et ont contribué à fait baisser les coûts de production.

Facteur 4

Autre facteur important, l’Allemagne a une organisation fédérale.

Les pays, ont une large autonomie de décision ce qui permet une souplesse d’adaptation aux contraintes et aux ressources des territoires. De plus il existe une vraie collaboration transversale entre les régions.

Facteur 5

De bonnes décisions économiques comme l’Union monétaire et l’Union douanière.

Facteur 6

La mise en œuvre d’une protection sociale pour les salariés avec les mutuelles qui ont préservé l’Allemagne de troubles sociaux

Conclusion

Ainsi sont né les empires industriels Siemens, Krupp, BASF – Badische Anilin Soda Fabrik.

A la fin du 19ème siècle, l’Allemagne était en avance dans tous les domaines technologiques mais surtout elle avait une capacité à intégrer ces nouveautés de façon extraordinaire.
Un miracle économique avait eu lieu : le terreau idéal de l’innovation avait été obtenu. A cette époque, l’Allemagne avait dépassé la Grande Bretagne en production d’acier. L’Allemagne commençait à exporter ses produits notamment en Angleterre. D’où « Le Made in Germany ».

La dérive du modèle Humboldtien

Les meilleures choses ayant une fin… En 1911, l’empereur Guillaume II décide de faire évoluer les instituts de recherche qui s’étaient créé au 19ème  siècle. Il décide de les unifier et de les standardiser pour et en faire un modèle d’excellence, porté par des ambitions politiques voire nationalistes… Avec Guillaume II, c’est le centralisme qui s’installe en Allemagne.

Résultat des courses, on a bien eu des prix Nobel prestigieux mais les entreprises ont été délaissées dans cette nouvelle organisation élitiste.

Pour des raisons de prestige, de politique et de nationalisme, on a oublié les fondements du système Humboltien qui avait montré ses performances au 19ème  siècle. A la sortie de la deuxième guerre mondiale, lors de la reconstruction, les alliés veulent que l’Allemagne repartent sur cette structure voulue par Guillaume II. (Société Kaiser Wilhelm ou Max Planck).

Mais c’était sans compter avec la Bavière, qui voulait un institut dans la tradition Humboltienne. Le « Pays libre de Bavière » créé alors  sa société du nom de Fraunhofer suivant le modèle d’avant la réforme de Guillaume II.

La société Fraunhofer : de sa naissance à nos jours

Nous assistons alors à la naissance de la Société Fraunhofer. Cette société a été fondée en 1949 par l’état de Bavière avant son rattachement à la RFA. Son objectif est de fournir les moyens de recherches appliquées aux entreprises afin de donner un coup de pouce à l’économie Bavaroise. La Bavière étant un pays essentiellement orienté vers l’agriculture à cette époque, hormis Munich industrielle et universitaire.

Les premières années furent difficiles. Les différentes organisations de recherches allemandes, virent cette initiative d’un très mauvais œil et n’ont eu de cesse d’œuvrer à sa disparition. Ils y voyaient une concurrence inutile en s’interrogeant sur les objectifs de cet institut et sur la manière dont comment ils allaient travailler.

La Bavière va s’allier avec le Bade-Wurtemberg assurant leurs soutiens politiques et financiers. C’est grâce à cette persévérance que la société Fraunhofer existe encore aujourd’hui. On doit beaucoup à Ludwig Erhard, conseiller économique bavarois auprès des américains d’avoir usé de sa force de conviction.

Les instituts Fraunhofer se sont créés dans toute l’Allemagne. On compte aujourd’hui 80 instituts Fraunhofer. 62 se situent en Allemagne. Le reste des instituts se répartissent entre les autres pays européens et les quatre continents. La société Fraunhofer a à son actif une liste de succès impressionnant comme le MPEG (flux vidéo). La société dispose de 6 198 brevets exploités à ce jour.

Fraunhofer accompagne les industriels à l’export, notamment avec ses instituts disséminés dans le monde qui placent également ses experts (au nombre de 180) dans les administrations des pays. Ces instituts en font des têtes de pont, allant chercher les besoins et les savoirs là où ils sont. Aujourd’hui, la Société Fraunhofer est le principal organisme de recherche appliquée au monde. Ce système est inexistant en France.

L’objectif des Fraunhofer est de développer les entreprises par l’innovation, pour le développement économique au départ de la Bavière et ensuite de l’Allemagne, et non pas de sortir des Nobels, même si la recherche au long court ou fondamentale est nécessaire.

Le fonctionnement des Fraunhofer

Les grands principes

La Société Fraunhofer repose sur les grands principes édictés par Wilhelm von Humboldt et de son frère.

Les objectifs

L’objectif principal est de fournir les moyens de recherches appliquées aux entreprises, notamment, les produits, les méthodes de vente, les process, la formation, l’organisation . Les contrats coopératifs sont favorisés (sommes d’entreprises).
La Société Fraunhaufer a également pour objectif d’aider les entreprises sur les marchés à l’export à travers les instituts étrangers.

Les missions

La Société Fraunhofer a pour mission : la vente de contrats auprès des industriels, l’organisation des équipes pluridisciplinaires pour réaliser les contrats, la création de liens avec l’université (système î), la promotion de ses équipes auprès des industriels, la promotion des Spin Off (incubateur).
Il s’agit de créer les conditions de l’innovation : Mission et visions Vs innovation ?

Les pouvoirs

La Société Fraunhofer a des pouvoirs étendus et une autonomie totale . Elle est totalement autonome et ne rend de compte qu’à elle-même . Chaque institut a une direction qui est elle-même autonome . Les instituts peuvent promouvoir des Clusters si nécessaire . Les instituts peuvent créer de nouveaux instituts ad hoc pour de nouveaux projets et c réer les liens entre les autres instituts de recherche et les universités.

La structure

La Société Fraunhofer est une entreprise publique dont le statut est une association à but non lucratif. La société est complètement indépendante, à l’inverse de la France. Chaque institut à une spécialité, mais pas trop, car on cherche à préserver la Multidisciplinarité et pluridisciplinarité. (Mélange des savoirs).

Fonctionnement

Le principe de fonctionnement est : Si pas de rentabilité, on ferme le site comme une entreprise privée

Les équipes et le management

Les salariés continuent à travailler pour les universités . Les chercheurs ne sont pas des docteurs ou doctorants, mais des techniciens ou ingénieurs. Ceux-ci sont moins bien rémunérés que dans le privé mais, en contrepartie sont intéressés au succès des projets. Ils peuvent toucher 30 % sur les licences. C’est le principal moyen de stimulation des équipes . La moyenne d’âge est inférieure à 40 ans . En bref, on ne fait pas carrière aux Fraunhofer.

La Société Fraunhofer est financée par des contrats privés à hauteur de 70 %. Le reste étant des contributions des Länders, des royalties sur les licences ou les participations. Le budget en 2013, était de c’est 2 Milliards €,dont 1.5 Milliard en provenance du privé.

Résultat : En 2011, la société Fraunhofer seule a rapporté 673 nouvelles inventions. Cela équivaut à environ trois inventions par jour ouvrable. Elle a signalé 494 développements de brevet. La société exploite 6131 brevets ce qui lui rapporte à titre d’exemple 125 Mo € en 2011.

Impact sur l’économie Bavaroise et Allemande

Maintenant, si nous nous projetons sur les résultats économiques de la Bavière, nous ne pouvons que constater que depuis 1949, la Bavière a connu des changements sans précédent. Elle est devenue une région à très haute technologie et reconnue comme telle au niveau international.

C’est l’économie la plus innovante d’Europe. Avec un produit national brut de 409,5 milliards d’euros pour l’année 2006, elle dépasse à elle seule 21 des 27 États-membres de l’UE. Le PIB par habitant est de 32 815 euros et se situe clairement au-dessus des moyennes allemande et européenne.

La Bavière est le seul Land allemand à présenter un budget équilibré. Le taux de chômage de 4,5 % est le deuxième plus bas d’Allemagne.

De grand succès high-tech :

  • Cluster Biotech dans les biotechnologies Réseau
  • Sensorik soit 30 % de marché mondial du senseur Industriel des capteurs spécialisés

Avec 3 % de son PIB consacré à la recherche et au développement, la Bavière se situe à un très haut niveau national et international. 28,3 % des brevets déposés par Allemagne.

La Bavière est l’un des sites scientifiques les plus actifs au monde au niveau de la recherche. La recherche est très diversifiée : avec ses 11 universités, 17 écoles supérieures spécialisées, 15 instituts de recherche, 12 instituts Max-Planck et 9 centres de la Fraunhofer-Gesellschaft, la Bavière appartient aux sites de recherche les plus importants de la planète.

Partie dernière en PIB par habitant de l’Allemagne en 1949, la Bavière se retrouve aujourd’hui en tête de l’ensemble des landers. De plus l’Allemagne a bénéficié de cette stimulation économique des Fraunhofer. Ce modèle est un modèle qui fonctionne.

L’innovation en France

On ne fait que des rapports

A partir du milieu du 19ème siècle, les élites françaises vont tenter de comprendre le modèle allemand. Les premiers rapports ont été réalisés par Jules Michelet. On doit surtout à Victor Cousin, un rapport sur l’université et la recherche en Allemagne. Plus tard, Louis Liard, directeur de l’enseignement supérieur de 1884 à 1902 s’est également penché sur la structure universitaire et de recherche après la guerre de 1870. Le modèle allemand est bien analysé comme étant supérieur.

Mais il faut bien dire que probablement pour des raisons culturelles, le modèle n’a pas évolué. Pire, le CNRS est créé en 1939 sur le modèle allemand dérivant de 1910, c’est à dire hors université et projet d’entreprise. Il faut attendre, 1970 pour avoir une réforme de l’université avec l’intégration de la recherche et 2007 et pour une certaine indépendance des universités.

De plus, la centralisation française et le régionalisme tel qu’il existe, tend à renforcer les pouvoirs au niveau local. Nous avons donc un émiettement des forces qui est la conséquence des petites querelles que se livrent les barons locaux. Chaque ville veut son laboratoire, son université etc… Ceci n’aide pas aux politiques régionales d’ensemble.

De nouveaux rapports se sont succédés. Pour les plus récents, Christian Blanc, « Pour un écosystème de la croissance », paru en mai 2004, et celui Claude Birraux et Jean-Yves Le Déaut publié par l’Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Technologiques en janvier 2012. Ensuite le rapport Jean-Luc Beylat, Pierre Tambourin, Louis Gallois, Anne Lauvergeon etc.. Ils se suivent et se ressemblent.

Comparaison Instituts Fraunhofer et Instituts Carnot

Pour parvenir aux objectifs de Lisbonne, on a créé en 2006 les instituts Carnot. Il s’agit d’un label accordé à des instituts existants sur le modèle Fraunhofer. Mais ce n’est pas la création d’une nouvelle organisation avec une culture nouvelle au service des entreprises. Il s’agit simplement de trouver le moyen de gonfler le pourcentage de R&D à 3 % en appuyant sur le financement privé. D’où l’idée du fameux « Crédit Impôts Recherche » avec un doublement de la prise en charge des dépenses des industries privées contractées auprès des instituts labellisés. Ce dispositif revient à peu près à subventionner les industries pour qu’elles passent des commandes aux instituts de recherche publics.
Dans les faits, les instituts Carnot, constituent une mascarade.

Les fraunhofer et la bretagne #2

Nous avons vu la création des instituts Carnot qui se veulent inspirées des instituts Fraunhofer. Hors elles se limitent à un label appliqué à des organisations existantes. Nous avons bien vu que les allemands ont du repartir sur du neuf pour parvenir aux objectifs et ne pas se heurter aux freins culturels. Les Fraunhofer, tous les Allemands connaissent. Carnot les français ne connaissent pas…

Les Fraunhofer et la Bretagne

Qu’est qui nous empêche de faire quelque chose de comparable qui répondent à ces d’objectifs. L’histoire de Fraunhofer et de la Bavière ont des similitudes avec la Bretagne. Fraunhofer, dans les faits est en soi une société de droit privé. Fraunhofer est financé par les entreprises privées. En Allemagne, ils ont l’abondement, en France nous pouvons trouver un système comparable avec le CIR et des sociétés coopératives.

La Bretagne peut le faire. La preuve : L’institut Pasteur (fin du 19 siècle) est proche du modèle Fraunhofer. C’est une structure privée jusqu’en 1960. C’est une très belle réussite, c’est bien la preuve que c’est possible en France.

Conclusion

La Bretagne doit se doter d’un ensemble d’institut d’accompagnement des entreprises dans l’esprit du Fraunhofer.

Il ne s’agit pas de copier la Bavière mais de s’inspirer des grands principes.

Que manque-t-il pour passer de l’envie à l’action. Il suffirait faut qu’un organisme devienne moteur…

De Olivier Hutteau